« Qui veut des schnitzels ? », s’écrie un grand gaillard, maillot noir et masque bleu, un carton rempli d’escalopes de poulet panées calé contre sa hanche. A côté de lui, les manifestants attendent leur tour, jetant des coups d’œil aux Tupperware disposés devant eux. Les plus grands restaurants du pays ont chacun concocté un menu ; une jeune femme distribue des fondants au chocolat d’ordinaire servis à l’une des tables les plus en vue de Tel-Aviv.
« On est venu faire aujourd’hui ce que l’on sait faire de mieux : mijoter des bons plats et accueillir les gens », explique David Frenkel, en tenue de cuisine blanche et les traits tirés. Comme lui, de nombreux restaurateurs manifestaient, mardi soir 21 juillet, sous les fenêtres de la résidence du premier ministre, Benjamin Netanyahou, distribuant des repas à la foule venue les soutenir, en plein centre de Jérusalem.
La profession est exaspérée par les annonces contradictoires du gouvernement : le 16 juillet, les autorités ont exigé la fermeture express des restaurants, dès le lendemain, avant de repousser la date de quatre jours… pour finalement faire marche arrière.
« Fermer et ouvrir un restaurant, ça coûte très cher, ça demande beaucoup de logistique, il faut vite liquider les stocks, organiser le chômage des employés… », se plaint l’entrepreneur de 36 ans, qui affirme avoir perdu quelque 100 000 shekels – un peu plus de 25 000 euros – le week-end dernier à cause des hésitations gouvernementales. David Frenkel travaille depuis qu’il a 14 ans, mais en tant qu’indépendant, il n’a pas le droit à l’assurance-chômage et survit en puisant dans son épargne. « Je suis exténué, je n’arrête pas de cogiter, toute cette incertitude… C’est la première fois de ma vie que je me sens aussi impuissant », soupire-t-il.
Débrouille et fins de mois ric-rac
Depuis une dizaine de jours, sifflets et vuvuzelas bercent les soirées du premier ministre devant sa résidence à Jérusalem. Des milliers d’Israéliens manifestent dans tout le pays ; dans les cortèges, beaucoup d’indépendants, des professionnels du spectacle, du tourisme ou de la restauration qui vivent depuis des mois sans salaire.
Le taux de chômage est passé de 4 % de la population active avant la pandémie à plus de 20 %. Face à la remontée spectaculaire des cas de coronavirus – près de 2 000 contaminations par jour – le gouvernement tergiverse, laissant aux Israéliens la désagréable impression d’être livrés à eux-mêmes.
Il vous reste 62.68% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
July 23, 2020 at 07:04AM
https://ift.tt/30EtGrN
Sans revenus depuis des mois, les professions indépendantes alimentent la contestation en Israël - Le Monde
https://ift.tt/3igB7h5
mois
Bagikan Berita Ini
0 Response to "Sans revenus depuis des mois, les professions indépendantes alimentent la contestation en Israël - Le Monde"
Post a Comment