Le nez collé sur la grande baie vitrée qui sépare les arrivées du terminal 3 d'Orly de l'extérieur de l'aéroport, deux personnes essaient d'apercevoir leurs proches qui viennent tout juste d'atterrir. Les grandes embrassades et bouquets de fleurs à l'arrivée d'un avion, c'est fini. Seuls les passagers munis d'un billet peuvent entrer dans l'aérogare.
Voilà un mois que l'aéroport d'Orly a rouvert partiellement ses portes. Les incontournables de l'été sont bien là : les valises trop remplies, les chapeaux de paille et les galères de l'enregistrement. Mais dès l'entrée dans l'aérogare, les longues files d'attente formées par des contrôles de police vous plongent dans l'ambiance surréaliste de l'aéroport, dont certaines entrées et sorties sont condamnées.
Files d'attente et boutiques fermées
Dès 10 heures, le terminal 4 semble déjà bien fréquenté « mais ça n'est rien par rapport à une période normale » selon plusieurs habitués de l'aéroport. Ici et là, des passagers sont réprimandés par la police parce qu'ils ne portent pas de masque. Plus loin, d'autres semblent désemparés : « On nous a demandé un test Covid-19 de moins de 72 heures pour partir, le nôtre est périmé donc on ne peut pas monter à bord », se désole Véronique Martial qui devait embarquer pour la Martinique.
« On a dû sortir pour se faire tester dans une tente et à nouveau faire la queue pour rentrer dans le terminal… » regrette la mère de famille. Un peu plus loin au terminal 3, Stéphanie Dantec, en partance pour la Grèce, a l'esprit plus tranquille : elle a simplement dû remplir une attestation sur l'honneur disant qu'elle n'était pas malade.
«Globalement, il n'y a pas eu de problèmes pendant la reprise»
Si le public est au rendez-vous, certains recoins de l'aéroport semblent fantômes. Plusieurs boutiques ont le rideau baissé : « Il y a moins de monde, c'est une certitude, mais je suis le seul magasin Relay ouvert en zone libre sur tout l'aéroport, alors je suis satisfait », relativise Slimane Boussada, gérant du magasin Relay à Orly 3.
« Globalement, il n'y a pas eu de problèmes pendant la reprise », note Régis Lacote, directeur de l'aéroport qui a tout de même continué à tourner à bas régime pendant le confinement. Un avis partagé par Eric Trautmann, directeur général adjoint des opérations pour la compagnie Corsair. Selon lui, depuis l'ouverture du terminal 4 le 13 juillet et grâce aux mesures sanitaires, « du point de vue opérationnel, nous avons plus d'espace pour respecter la distanciation sociale et c'est plus agréable ».
La reprise s'est effectuée avec des mesures sanitaires strictes. « Comme l'accès à l'aéroport est filtré, ça nous oblige à nous adapter au niveau des livraisons », raconte le gérant du magasin Relay d'Orly 3. Aussi, du gel hydroalcoolique est mis à disposition dans tout l'aéroport et une caméra thermique prend systématiquement la température des passagers à la sortie de l'avion. Si est elle est supérieure à 38 °C, ils peuvent aller se faire tester gratuitement sur place.
En coulisses, le personnel du centre des opérations (APOC) veille derrière des dizaines de caméras à fluidifier les contrôles et à appliquer la distanciation sociale. Par exemple, c'est depuis ce centre et avec le concours de la police qu'a été géré l'afflux de voyageurs dont le contrôle devenait complexe devant Orly 4.
Un quart du trafic de 2019 la semaine du 13 juillet
L'aéroport est donc prêt à accueillir du public, même si la fréquentation reste faible. La semaine dernière, le trafic correspondait à environ 24 % du trafic sur la même période en 2019, contre 10 % lors de la réouverture.
« La reprise est lente et très graduelle », constate le directeur de l'aéroport. « Des faisceaux entiers de trafic n'ont pas repris, comme le Maghreb qui n'a repris que très partiellement. » Par exemple, les seuls vols effectués cette semaine vers l'Algérie sont des vols de rapatriement. Air France, le premier client d'Orly qui représente près de 30 % du trafic de l'aéroport, n'assure en ce moment que quelques vols au départ de cet aéroport.
Comment être rentable avec un trafic si faible? « Nous n'avons pas rouvert toutes les infrastructures, ce qui nous permet de générer des économies, et une partie des salariés est en activité partielle », note Régis Lacote. En effet, des négociations sur l'emploi sont en cours chez Aéroports de Paris.
Un regain du trafic attendu avec le retour d'Air France
Quant au retour à la normale, difficile de le prévoir tant il dépend des conditions sanitaires et de la crise économique. « On s'adapte de semaine en semaine », prévient le directeur d'Orly. « On travaille actuellement sur la réouverture d'Orly 1 et 2. Tout cela va se faire graduellement d'ici au printemps 2021. »
Ce dernier attend un « regain du trafic fin août, avec le retour d'Air France qui envisage de revenir avec près de 160 à 180 vols par jour. » Peu de risque donc qu'Air France déserte Orly et que ce dernier devienne un « aéroport low-cost » selon son directeur : « Orly aura toujours un trafic équilibré. Avant la crise, le trafic low-cost représentait 35 % de l'activité de la plateforme. » Selon Eric Trautmann, « ce n'est pas du tout un aéroport low-cost ! Au contraire, il est proche des clients, de plus en plus desservi, et la jonction entre l'ancien Orly Ouest et Sud se fait mieux. »
Le mois d'août encore incertain
Selon ADP, le planning des vols du mois d'août reste très incertain. Certaines compagnies ont d'ores et déjà annoncé la reprise de certaines lignes : Air France a annoncé le retour de liaisons vers Biarritz, Montpellier et Nice, et Vueling l'ouverture de cinq routes supplémentaires (Copenhague, Venise, Fuerteventura, Minorque et Saint-Jacques-de-Compostelle) en plus des 15 routes déjà opérées en juillet. Un planning encore imprécis et dépendant de la situation sanitaire, mais qui devrait permettre aux aoûtiens de profiter du soleil après ces mois de confinement.
La crise a aussi chamboulé l’organisation voire la pérennité de certaines compagnies aériennes. La compagnie Corsair, basée à Orly, s’est par exemple séparée de ses trois Boeing 747-400, après 30 années d’opération. Au début de leur exploitation en 1990, ce « queen of the skies » était reconnu comme le plus gros avion commercial au monde. La flotte de Corsair sera désormais composée d’A330, des avions plus performants et plus respectueux de l’environnement.
Du côté d’Air France, pour l’instant, les navettes Orly-Bordeaux et Orly-Lyon sont supprimées conformément à la demande du gouvernement.
Quant à la compagnie low-cost Level France, filiale du groupe IAG qui opère des vols long-courriers depuis Orly, elle est en grande difficulté. Elle envisage de cesser ses activités en France. Pour l’instant, ses avions sont toujours présents à Orly.
Orly : les avions redécollent après trois mois de fermeture
July 26, 2020 at 08:41PM
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Un mois après sa réouverture, l'aéroport d'Orly redécolle en douceur - Le Parisien
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